Les femmes ne devraient jamais angoisser de passer le cap de la ménopause, car c’est au contraire une nouvelle vie plus libre qui s’offre à elles, dans la santé, la beauté et la sérénité. Explications avec une experte du bien vieillir qui nous propose sa méthode pour être et rester « Belle & bien dans son âge ».
Pourquoi ce livre ? Pour redonner confiance aux femmes après 50 ans ?
Natacha Dzikowski : A la base, le propos de mon livre c’est d’avoir une approche optimiste et déculpabilisante par rapport à l’âge. Moi, l’idéologie de l’âgisme m’insupporte ! Je considère qu’on fait une confusion entre prendre de l’âge et vieillir. Prendre de l’âge, c’est un phénomène naturel à partir du jour de notre naissance, et vieillir est toujours associé à de la dégradation, ce qui est faux puisqu’on sait aujourd’hui que 80% du vieillissement est dû à notre hygiène de vie. On a donc la main sur notre âge biologique. A partir de là, il n’y a aucune raison d’associer l’âge avec vieillir, et donc se dégrader. Philippe Labro que j’aime beaucoup a toujours dit à ce propos « Ah non, moi je ne vieillis pas, je mâture ». Quelque part, c’est plus juste. Donc on peut prendre de l’âge et, en adoptant une bonne hygiène de vie, conserver de la vitalité, de l’énergie et avoir envie de faire plein de choses.
Vous parlez de nombreuses confusions à propos de l’âge…
N. D. : Dans cette histoire de l’âge, qui n’a vraiment pas bonne presse, on confond être vivant et être jeune. Sauf qu’être jeune, c’est un état transitoire. Et moi, personnellement, je préfère être vivante ! Donc l’âge, c’est une chance, ce n’est pas un défaut. Et comme on a la main sur son âge biologique, à partir de là, on peut tout à fait se prendre en main pour prendre de l’âge en gardant sa vitalité. Mon blog est la suite logique de mes conversations avec mes copines, qui en raison de mon expérience dans le monde de la beauté, me demandaient « Et là, qu’est-ce que je fais ? ». Je leur donnais des conseils et quand elles les suivaient, elles me disaient : « J’ai fait comme tu as dit et miracle, ça a marché ! ». Et bien non, il n’y a pas de miracle, c’est simplement que je sais comment marche le corps et comment ne pas accélérer un certain nombre de processus. Donc, je me suis dit, ça, je vais en faire profiter le plus grand nombre, car quand on a la connaissance, on ne subit plus aucun tabou, aucun archétype, aucune arnaque. Par exemple, si on veut perdre du poids, on ne va surtout pas faire « Comme j’aime », cette méthode débile qui fait plus de mal que de bien, à commencer par reprendre encore plus de kilos par la suite !
« La connaissance du fonctionnement de son corps, c’est la clé de la libération par rapport à l’âgisme. »
Pourquoi l’âge est-il toujours aussi tabou selon vous, vécu comme une faute, alors qu’on vit dans notre société de plus en plus âgé et en forme ?
N. D. : Tout simplement parce que les gens ont peur de mourir, parce que la mort a été complètement éradiquée de la vie ! Il n’y a plus beaucoup de dimension spirituelle dans la société où l’on vit, quelle que soit la spiritualité. Comme il n’y a plus de transcendance et qu’on a réduit les individus à eux-mêmes en permanence, la personne n’est plus qu’un sujet de consommation réduit à une course folle à la performance, à la compétition, à la comparaison et à l’acquisition de choses. Et à un moment, l’individu se retrouve comme un hamster dans sa roue. Et quand le milieu de vie arrive, cette fameuse transition du milieu de vie, et bien, tout à coup, à force de réduire l’individu à uniquement de l’individualité – du « je » -, la mort devient plus que jamais une catastrophe et les gens essaient alors d’échapper à cette finitude. C’est pour cela que la ménopause chez les femmes est vécue souvent comme une catastrophe, à partir du moment où elles ne peuvent plus procréer, puisque la maternité était leur lien à l’immortalité. C’est aussi pour cela que beaucoup d’hommes changent de femme vers 45/50 ans. Ce ne sont pas tous forcément des salopards. C’est parce que eux-mêmes ont une espèce d’angoisse abyssale de la mort et que pour retrouver de l’immortalité, ils refont des enfants avec des femmes plus jeunes qui peuvent toujours procréer.
Vous avez 57 ans. Qu’est-ce qui vous a poussé à créer en 2017 votre société de conseil pour les femmes de 45 ans et plus, puis à devenir influenceuse ?
N. D. : Il y a eu un double phénomène. Premièrement, je commençais à m’ennuyer parce que je faisais toujours le même métier, des campagnes de communication pour des groupes de beauté et j’avais l’impression de tourner en rond, même si j’aime toujours ce métier. Je voyais aussi que dans les agences de pub, 50 ans ça sonnait comme de l’obsolescence programmée : « Elle est un peu vieille celle-là… », sous-entendu, « elle coûte un peu trop cher ». En gros, après 50 ans, on nous fait comprendre qu’il serait bien qu’on parte, ce qui est une atteinte à l’intégrité personnelle des gens. Et puis surtout, comme je me passionne depuis des années pour la santé, le bien-être et la beauté, je trouvais que pour les femmes de plus de 50 ans, il n’y avait rien. Même des mannequins, c’était difficile d’en trouver de plus de 35 ans ! Or, les femmes de 50 ans et plus ont besoin de s’identifier à des femmes qui leur ressemblent. Comme j’aime bien écrire, j’ai commencé par un blog. De la beauté, je suis passée au développement personnel, au travail et à la ménopause, car j’ai bien compris que ce sujet devenait central tout en restant tabou.
Pourquoi ce sujet de la ménopause reste-t-il tabou ?
N. D. : J’ai cherché pourquoi et j’ai trouvé la source du problème. La ménopause, c’est une construction sociale qui est élaborée sur une espèce d’équation maléfique qui se passe de génération en génération et qui dit : le corps en bonne santé d’une femme, c’est le corps qui se reproduit ! Donc, ça sous-entend que quand la femme n’est plus en bonne santé puisqu’elle ne peut plus se reproduire, elle n’est plus désirable physiquement ! Donc, à partir de là, les femmes se disent « je ne suis plus une vraie femme ». Ne dit-on pas aux ados quand elles ont leurs règles pour la première fois « tu es une femme maintenant » ? Bref, en creux, ça veut dire que le jour où tu ne les as plus, tu n’es plus une femme ! CQFD. Et ça, c’est une espèce de chape de plomb qui pèse sur nos épaules.
D’où votre envie d’en finir avec tous ces préjugés et ces idées reçues ?
N. D. : Exactement ! Il faut remettre les choses au carré. La ménopause n’est pas une maladie, ce n’est pas une dégradation du corps des femmes, c’est une évolution du corps qui va se transformer, comme il se transforme à l’adolescence et pendant les grossesses, pour retrouver un équilibre. Mais comme les œstrogènes ont un rôle hyper important dans la production de collagène et d’acide hyaluronique dont on a besoin dans toutes nos artères et dans toutes nos muqueuses, ça produit des modifications, mais il n’y a rien d’irrémédiable. La ménopause ne veut pas dire qu’on va prendre 20 kilos et qu’on va devenir horrible. Ce n’est pas vrai. En revanche, le métabolisme de base (nombre de calories brûlées au repos) va ralentir de façon naturelle. Heureusement, il y a une baguette magique qui s’appelle le sport qui permet de faire redémarrer la production d’hormones de croissance et le métabolisme de base. C’est pour cela que la connaissance du fonctionnement de son corps, c’est la clé de la libération par rapport à l’âgisme. D’où mon livre qui explique en détail le fonctionnement de notre corps après 50 ans.
Avec quelques grandes règles de base ?
N. D. : Oui, notamment la première, il faut arrêter de manger du sucre le plus tôt possible dans votre vie, car ça ne peut que vous créer des problèmes à la fois cardiovasculaires, de diabète, de rides, de cellulite et de bourrelets. Ça ne fait rien de bien le sucre et l’on peut s’en passer. C’est juste une drogue, et comme le tabac, on peut s’en libérer. Mais au lieu d’interdire le sucre et d’en faire une contrainte, il faut juste expliquer comment marche l’insuline. Quand on a compris, on a beaucoup plus de facilités à se passer du sucre. En tous cas, on le fait ou pas en connaissance de cause, mais on ne subit plus. Je pense plus largement qu’on subit la montée en âge quand on n’a pas le mode d’emploi de soi. Je suis convaincue qu’on doit être experte de soi-même et que les médecins ce sont des partenaires. Plutôt que de soigner sa maladie, il faut soigner sa santé.
« Je crois qu’on vieillit à partir du jour où on commence à ne regarder que dans le rétroviseur.»
Vous êtes la preuve qu’on peut passer de cap de la ménopause en pleine forme sans passer par un traitement substitutif chimique.
N. D. : Oui, parce que le problème des médecins, c’est qu’ils sont par définition complètement dans l’allopathie. Donc, ils sont persuadés que tout va se régler avec des médicaments. Qu’on le veuille ou non, études ou pas, il y a un lien entre les cancers hormono-dépendants et ces traitements hormonaux substitutifs. Je le vois bien autour de moi. Malheureusement, dans 95% des cas, les cancers du sein sont liées à des traitements hormonaux, que les femmes ont pris soit pour avoir des enfants soit pour faire face à la ménopause. J’ai donc personnellement décidé que je n’en prendrai jamais. Quand mon médecin m’a demandé « comment allez-vous faire pour votre peau, pour vos os, etc. ? », j’ai compris que j’allais devoir me débrouiller par moi-même. Je suis allée voir un médecin homéopathe super brillant. J’ai testé diverses solutions à base de plantes et ça a très bien marché sur moi, même si ça a mis 4 à 5 mois à agir plutôt que 15 jours. La ménopause a été hyper médicalisée, résultat, on en a fait une maladie, alors que c’est une transition naturelle.
Et concernant les fameuses bouffées de chaleur ?
N. D. : J’ai toujours considéré qu’il valait mieux avoir chaud que de me retrouver dans un service d’oncologie ! J’ai fait des choix, parce que j’ai compris, avec les affaires du sang contaminé notamment, que les médecins sont faillibles et que les labos ont une puissance d’influence qui fait qu’il y a beaucoup d’argent derrière ces traitements hormonaux. Je n’ai pas envie d’être un cobaye, c’est ma vision personnelle. Pour les femmes qui ont des bouffées de chaleur trop invalidantes et qui n’arrivent plus à dormir, je peux comprendre. Mais j’ai envie de leur dire qu’il y a d’autres solutions : en plus des plantes, faire du sport réduit considérablement les bouffées de chaleur, s’habiller en superposant plusieurs vêtements (ce que j’appelle la technique de l’oignon) permet d’en enlever progressivement quand on a chaud, etc.
D’où l’intérêt après 50 ans de faire beaucoup plus d’activité physique et d’avoir une bonne hygiène alimentaire ?
N. D. : Oui, on sait que le sport réduit les bouffées de chaleur, permet de prévenir l’ostéoporose, de mieux dormir, de produire des endorphines qui sont anti-stress et sources de bien-être mental comme de plaisir sexuel. Et puis, il y a en effet toute l’alimentation. 80% de notre immunité est dans nos intestins. On ne peut pas être en forme et avoir une belle peau si notre microbiote est déséquilibré. C’est pour cela qu’il faut absolument bien informer les femmes de plus de 50 ans sur l’intérêt de faire du sport tous les jours et de bien se nourrir. J’aimerais aussi qu’on nous lâche un peu dans les médias avec « la maternité heureuse » et qu’on nous parle enfin de « la cinquantaine et de la soixantaine heureuses » comme de « la ménopause flamboyante » ! Je suis beaucoup mieux dans ma peau que je ne l’étais à 30 ans et nous sommes très nombreuses dans ce cas. Alors, disons-le, écrivons-le, affirmons-le ! Plus nous serons nombreuses à le faire, plus vite nous ferons évoluer le regard de la société sur toutes les femmes de plus de 50 ans.
Vous écrivez que vous voulez aider les femmes à faire de leur âge un droit. Expliquez-nous.
N. D. : Oui, on a le droit de prendre de l’âge et d’être considérées comme toujours aussi intelligentes, aussi jolies, aussi inspirantes. La jeunesse pour moi, ce n’est pas l’état transitoire du corps entre 20 et 30 ans, c’est un état d’esprit, c’est de l’ouverture, de la curiosité, avoir envie de regarder devant. Je crois qu’on vieillit à partir du jour où on commence à ne regarder que dans le rétroviseur. Ce qu’on a vécu avant, c’était génial, formidable et ça fait partie de nous, mais on change et il faut s’autoriser ces changements-là. On n’est plus la même personne, car on a plus d’expérience, plus de connaissances, plus de recul !
Vous dites que c’est le bon moment pour oser choisir sa vie et devenir celle que l’on est vraiment.
N. D. : Exactement. Entre 25 et 45 ans, vous êtes le produit de votre éducation. Vous avez fait des études ou pas, avez été une bonne épouse, une bonne maman, une bonne dirigeante ou salariée, etc. Et puis la transition du milieu de vie arrive et c’est le moment de se poser pour s’interroger : « Et là, maintenant que j’ai coché toutes les cases, de quoi j’ai envie, en vrai ? » C’est une question difficile, parce qu’on sait ce dont on n’a plus envie mais pas forcément de ce qu’on a envie, mais ce n’est pas une raison pour mettre la poussière sous le tapis. Il faut en profiter pour faire un vrai travail sur soi. On ne peut pas traverser l’âge de façon sereine si on fait l’économie de ce travail sur soi. Car il faut muscler son mental pour affronter les croche-pieds de la vie qui vont nécessairement arriver et définir son chemin d’existence à venir. Je pense notamment à la période du nid vide, quand les enfants prennent leur envol et partent de la maison, qui est extrêmement difficile pour les femmes qui se sont construites autour de la maternité. Mais il faut regarder le problème en face et travailler dessus. Car si on ne le fait pas, on ne peut pas construire un chemin épanouissant. Il faut donc par ce travail prendre conscience de ses peurs, tomber les masques, lever le voile, muscler son mental et fixer son chemin. Et puis, on peut se faire aider pour cela, par des psys, des coachs, du yoga, de la méditation, etc. Plus on comprend comment notre corps et notre mental marchent, plus ce chemin devient facile et lumineux, car on se donne les moyens de conduire sa vie et d’être aux commandes.
Prendre de l’âge sans vieillir, ça passe aussi par l’ouverture, à la nouveauté, aux autres ?
N. D. : Oui, il faut en profiter pour ouvrir grand les fenêtres, laisser rentrer l’air. Ce qui est inconnu, ce qui est impromptu peut être extrêmement positif. C’est l’opportunité de découvrir de nouvelles facettes de soi, de faire de nouvelles rencontres, de se lancer de nouveaux défis, de pratiquer de nouvelles activités. On peut apprendre tous les jours. L’âge, c’est une grande fenêtre sur de la découverte. C’est prendre plaisir à regarder ce qu’il y a devant nous !
Propos recueillis par Valérie Loctin.
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