La prévention cardiovasculaire consiste à supprimer ou à baisser le plus possible l’ensemble des facteurs de risque afin de diminuer le risque de survenue d’événements cardiovasculaires. Elle peut s’appliquer spécifiquement à chaque individu mais également à l’ensemble de la population. Tout commence par une bonne information.
LES SIGNES D’ALERTE DE 6 INCIDENTS GRAVES
Il existe 6 maladies graves cardiovasculaires qui nécessitent une prise en charge en urgence et un appel au SAMU Centre 15.
- Infarctus du myocarde : douleur (violente ou pas) dans la poitrine à type de serrement irradiant dans la mâchoire et les deux bras.
- Péricardite : présence de fièvre dans un contexte infectieux, douleurs thoraciques souvent augmentées à l’inspiration.
- Embolie pulmonaire : douleur thoracique, point de côté qui survient brutalement associé à une gêne respiratoire, souvent dans un contexte de phlébite au niveau d’un mollet chez un maladie alité.
- Dissection aortique et rupture d’anévrisme de l’aorte : douleurs très vives, thoraciques derrière le sternum qui irradie vers le dos au centre des omoplates, ou au niveau du ventre si l’aorte abdominale est concernée.
- Accident vasculaire cérébral (AVC) : apparition brutale de troubles de la parole, de troubles de la vue, de fourmillements au niveau d’un membre ou d’une paralysie brutale d’un membre.
- L’artérite des membres inférieurs : douleurs vives, crampes au niveau d’un mollet avec un refroidissement et un changement de couleur du pied.
DES SYMPTÔMES TRÈS VARIÉS
Les symptômes ressentis par le malade sont évidemment différents pour chaque maladie : douleur thoracique, essoufflement, fatigue, palpitations, perception des battements du cœur qui sont lents, rapides ou irréguliers, évanouissement, perte de connaissance, syncope, sensation de vertige, nausées et vomissements, douleur dans un membre, engourdissement ou crampe d’un muscle, gonflement des membres inférieurs (jambes, chevilles, pieds), changement de la couleur de la peau au niveau d’un membre, sueurs froides et peau moite, fièvre, crampes abdominales, etc.
Au moindre doute, il ne faut pas hésiter à consulter son médecin et en cas de signaux d’alerte évoqués plus haut, alerter le 15 pour une prise en charge en urgence. En cas d’AVC notamment, c’est la rapidité d’intervention médicale qui peut sauver le patient et lui éviter des conséquences graves et des séquelles à plus ou moins long terme.
FACTEURS DE RISQUE CARDIOVASCULAIRE
L’étude Interheart, étude cas-témoins d’infarctus du myocarde (IDM), incluant toutes les régions du monde, confirme que 9 facteurs expliquent 90 % des cas ceci dans toutes les classes d’âge et dans les deux sexes. Il existe 6 facteurs de risque : le tabagisme, l’hypercholestérolémie, l’hypertension artérielle, le diabète, et l’obésité abdominale, et des facteurs psychosociaux.
Pour y faire face, il existe 3 facteurs « protecteurs » : la consommation de fruits et légumes, l’activité physique, et une consommation modérée d’alcool.
ARRÊTER DE FUMER EST ESSENTIEL
Première cause de mortalité évitable, le tabagisme reste un problème mondial majeur de santé publique, avec un nombre de décès annuels estimé à environ 5 millions, soit 13 500 décès par jour. Il est responsable de 1 décès sur 5 chez les hommes et de 1 décès sur 20 chez les femmes.
En France, on lui attribue 73 000 décès par an (plus de 10 % de la totalité des décès), avec environ 2 000 décès par tabagisme passif. Un quart de ces décès sont des décès cardiovasculaires. Le tabagisme est à l’origine d’un abaissement du taux de HDL-cholestérol, participant au développement des lésions athéroscléreuses, d’un risque de thrombose, d’une altération de la vasomotricité artérielle, d’une concentration importante de CO2 circulant, nuisant au transport normal de l’oxygène par l’hémoglobine. Dans l’étude Interheart, le tabagisme est le deuxième facteur de risque d’IDM, juste derrière les dyslipidémies.
Première cause de mortalité féminine après l’âge de 55 ans, les maladies cardiovasculaires sont largement sous-estimées et insuffisamment prises en charge chez les femmes. Le grand public, comme les médecins, restent encore sur l’idée que ces maladies sont l’apanage des hommes en surpoids, fumeurs, de plus de 50 ans. Au moindre doute, appelez le 15 !
L’IMPORTANCE DE LA PRÉVENTION
Élément déterminant de réduction de la morbidité et de la mortalité cardiovasculaires au cours de ces dernières décennies, elle s’appuie à présent sur des études scientifiques rigoureuses, à l’origine de recommandations pertinentes et gages d’une réelle efficacité.
Les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) et de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), concernent les quatre grands facteurs de risque : dyslipidémies, HTA, diabète, tabagisme. Cela passe donc par l’arrêt du tabagisme, le contrôle de la pression artérielle, le contrôle de la glycémie et la lutte contre la sédentarité.
SE FAIRE SUIVRE TOUS LES ANS
Toute consultation chez votre médecin doit être une opportunité pour aborder le sujet de la prévention, en évoquant les principaux facteurs de risque cliniques (tabagisme, pression artérielle, poids, taille et périmètre abdominal, antécédents familiaux) et en analysant le mode d’alimentation et d’activité physique.
Un bilan biologique de référence (avec glycémie et bilan lipidique complet à jeun) permet de détecter les anomalies métaboliques. À partir de ces données, votre médecin évaluera le risque cardiovasculaire et adaptera ses conseils et le traitement au niveau de risque. Votre démarche de prévention personnelle sera fondée sur des modifications de comportements et d’hygiène de vie, qu’il s’agisse de l’arrêt du tabac, du régime alimentaire ou de l’activité physique. I.N.
À LIRE
Agir avant qu’il ne soit trop tard
Dans cet ouvrage essentiel, cette cardiologue réputée et présidente de la Fédération Française de Cardiologie explique les spécificités des symptômes cardiaques féminins et détaille les signes avant-coureurs que l’on ignore. Surtout, face à une prise en charge souvent trop tardive, elle propose des solutions concrètes, incluant une approche globale du patient, un parcours de soins pluridisciplinaire et une meilleure formation de l’ensemble de la profession médicale.
« Mon combat pour le cœur des femmes » de Claire Mounier-Vehier, Marabout, 256 p., 19,90 €.