Journaliste, animatrice de l’émission Affaire conclue sur France 2, Sophie Davant est l’une des personnalités préférées des Français, devenue un modèle pour de nombreuses femmes. A 58 ans, force est de constater qu’elle est plus épanouie que jamais, avec le naturel, la bienveillance et le sens de l’humour qui la caractérisent.
2 millions de téléspectateurs devant « Affaire conclue », lancement réussi de votre magazine « S », plusieurs best-sellers en librairies… vous ressentez quoi devant cet immense succès, vous qui revendiquez le statut d’animatrice populaire ?
Sophie Davant : Je ressens du plaisir et de la fierté, l’impression d’un travail validé, donc ça me touche bien sûr. Vous savez dans notre métier, tout est remis en question tous les jours, donc c’est formidable d’être reçue par le public comme ça. Mais il faut aussi savoir se remettre en question et essayer d’être à la hauteur de cette attente.
Dans votre nouveau livre, vous racontez votre histoire d’amour avec le public. Pourquoi ? Parce que ce sont ces liens qui donnent du sens à votre vie ou pour les remercier de leur fidélité ?
S.D. : C’est un peu les deux. J’ai répondu à une demande de l’éditrice qui m’a demandée de réfléchir à ce qui sous-tendait une popularité, donc de trouver des éléments dans ma personnalité qui pouvaient parler au cœur du public et faire en sorte qu’il se projette en moi. J’ai donc essayé de définir les traits communs partagés par le plus grand nombre ; une France que l’on pourrait qualifier de « populaire », tout en réhabilitant cette notion de popularité que je trouve trop souvent galvaudée ou méprisée. Moi, je considère que c’est un honneur d’être appréciée par le plus grand nombre. J’ai donc cherché et trouvé dans ma personnalité ce qui pouvait faire écho à la leur.
«Moi, je considère que c’est un honneur d’être appréciée par le plus grand nombre.»
Ce livre, vous l’avez écrit en plein confinement. Comment avez-vous vécu cette crise sanitaire ?
S.D. : Je crois comme tout le monde, avec l’angoisse liée à cette situation et le ras le bol de ne plus avoir de liberté, de ne plus pouvoir sortir comme on veut au restaurant, au théâtre ou au cinéma, de ne plus voir les gens qu’on aime. Par ailleurs, grâce à cette demande de l’éditrice, je me suis astreinte à ce travail quotidien d’écriture, donc finalement je n’ai pas trop vu le temps passer, parce que j’ai travaillé beaucoup pendant deux mois et demi. J’ai écrit 6 à 7h par jour. C’était un moment particulier pour moi, car c’était l’une des premières fois où je me retrouvais seule chez moi, dans ma maison, sans mes enfants. Donc j’avais vraiment l’opportunité de m’y consacrer pleinement. J’ai vécu cela comme un temps différent, un nouvel exercice et cette nouvelle expérience m’a intéressée.
Qu’est-ce que cette période vous a encore appris de vous ?
S.D. : Sur moi-même, elle m’a confortée dans l’idée que lorsque je me lance un défi, je le fais jusqu’au bout. Tous les soirs, j’ai ressenti le plaisir du travail accompli. C’est une grande satisfaction de se lancer dans une aventure et de s’y tenir. J’ai réussi cet exercice de grande solitude devant mon ordinateur sans me laisser divertir ou détourner de ce que j’avais à faire. En plus, écrire, c’est une sorte de confrontation à soi-même et c’est intéressant aussi. On est dans l’analyse, dans la réflexion, voire un peu dans la méditation. Et puis, c’est rare que j’ai autant de temps devant moi sans rendez-vous, réunions et tournages. Là, j’ai eu un rendez-vous avec moi-même !
«C’est cela qui m’anime, la rencontre, apprendre des autres, apprendre des parcours de vie. La curiosité de l’autre est un des piliers de ma vie, c’est certain !»
Et que va-t-elle changer de votre regard sur le monde et la vie ?
S.D. : J’ai trouvé, dans cette période vraiment difficile et inédite, que les Français avaient fait preuve de citoyenneté et de solidarité, en respectant les confinements, en comprenant les enjeux, en répondant aux injonctions de l’Etat. J’y ai trouvé quelque chose de satisfaisant dans l’humanité. Et puis, je suis aussi étonnée du nombre de gens qui ont pris conscience de leur existence et qui ont eu envie de changer de vie, d’environnement, de partir de Paris et des grandes villes ou de changer d’orientation professionnelle. Cette rupture brutale dans leur quotidienneté, ça a été l’occasion de réfléchir au sens de la vie, à ce qu’ils voulaient en faire. C’est cela qui m’interpelle le plus. Alors oui, de tout cela, j’imagine qu’on en fera quelque chose.
Vous parlez dans votre livre du bon sens terrien mais aussi de transmission. Liens humains, racines, transmission, ce sont les 3 piliers essentiels de votre rapport à la vie ?
S.D. : Oui, bien sûr et cela s’est traduit à travers toutes les émissions que j’ai présentées. C’est cela qui m’anime, la rencontre, apprendre des autres, apprendre des parcours de vie. Quand on est journaliste et animatrice, dans ce boulot-là, on transmet. La curiosité de l’autre est un des piliers de ma vie, c’est certain ! Depuis toute petite d’ailleurs, j’ai toujours été comme ça.
Vous racontez des femmes qui vous ont inspirée : Simone Signoret, Anne Sinclair, Christine Ockrent, Martine Laroche-Joubert… Aujourd’hui, c’est vous qui êtes devenue un modèle, une référence pour nombre de femmes. Ça vous inspire quoi ?
S.D. : J’ai du mal à y croire, car j’ai toujours en moi un fond de doute important, voire de manque de confiance. Alors oui, ça s’atténue un peu avec les succès et avec l’expérience, mais j’ai du mal à me considérer comme un modèle. Ça me touche énormément quand je vois des jeunes femmes qui me disent que je leur ai données envie de faire ce métier. Je me dis quelque part que l’objectif est atteint. Ça me touche d’autant plus que j’ai une grande capacité à admirer. C’est l’un des moteurs de ma vie l’admiration. Alors que l’on puisse m’admirer moi, je n’en reviens toujours pas !
Au cœur de votre succès, il y a votre naturel, votre bienveillance, mais aussi votre sens de l’humour et de l’autodérision. Cet « œil qui frise » qui est un peu votre marque de fabrique, c’est familial, dans votre ADN ?
S.D. : Oui, c’est familial. J’ai toujours été entourée de gens dans ma famille qui aiment rire, bien manger, bien boire. Quant à moi, depuis que je suis toute petite, j’ai toujours eu cette autodérision, j’ai toujours été le centre de moqueries sympathiques. Je ne sais pas si c’est moi qui les provoque ou qui les alimente, car je suis toujours la première à me moquer de moi, c’est vrai. Quand nous étions gamines, avec ma cousine germaine qui est comme moi, nous avons partagé des centaines de fou-rires qui ne faisaient rire que nous. Nous sommes restées ainsi, à être les premières à nous moquer de nous dans des situations où nous sommes ridicules. Et c’est vrai que ça m’arrive encore souvent ! (rires) Avec William Leymergie notamment, mon mentor, j’ai toujours partagé cet humour au 3e voire au 4e degré, cette manière de mettre en avant les autres, tout en se moquant gentiment. Ça donne du relief dans le contact humain.
«Ne considérez pas qu’en ayant franchi ce cap de la cinquantaine, vous avez tout vécu et que c’est déjà fini. Non ! Chaque âge de la vie a ses plaisirs.»
Dans votre jolie carrière et votre existence, il y a eu aussi des moments de doute et des zones d’ombre. Ce sont ces périodes qui vous ont rendue plus forte, plus courageuse, plus combattive ?
S.D. : Ce sont ces moments-là qui obligent à réagir finalement. C’est dans les moments difficiles que l’on est obligée de se remettre en question, de se fixer de nouveaux objectifs et de s’y tenir. C’est d’ailleurs grâce à cela qu’on gagne de la confiance en soi. C’est toujours le résultat de combats intérieurs personnels que l’on a menés. Quand ça débouche sur des satisfactions ou sur des succès, ça vous conforte dans l’idée que vous pouvez vous rendre grâce. C’est vrai qu’on apprend beaucoup de ses échecs, des situations problématiques que l’on rencontre dans la vie. C’est ça qui permet d’avancer, à condition de mettre en œuvre les bonnes clés, ce que j’appelle « mes boussoles intérieures. »
Vous évoquez également dans le livre votre rapport au temps qui passe, à l’âge, et vous livrez quelques conseils. Le secret après 50 ans, c’est de profiter de la vie, mais surtout de ne jamais se laisser aller ?
S.D. : C’est sûr, physiquement, c’est une période de la vie qui demande qu’on fasse un peu plus attention à ce que l’on mange et qu’on n’arrête pas de faire de l’exercice, bien au contraire. C’est très important de continuer à rendre grâce à son corps, à l’entretenir et à paraître toujours aussi séduisante. Ça, c’est un élément. Mais le moteur, il est avant tout à l’intérieur. C’est rester vivant, c’est-à-dire rester curieux, ne rien s’interdire, aller au bout de ses envies, croire que tout est toujours possible. Moi, ma devise, c’est que « le meilleur reste à venir ». Je suis toujours comme une gamine à l’intérieur de moi qui a envie de vivre de nouvelles expériences, de rencontrer de nouvelles personnes et de passer de bons moments avec ceux qu’elle aime. Donc, c’est cela, rester ouvert, rester en lien avec l’Autre. Et quand on est à la retraite, c’est de ne pas se replier sur soi, donner de son temps, s’engager dans des associations, faire du sport ou des activités avec un groupe d’amis. L’important, c’est de s’ouvrir. Ce qui fait vieillir, c’est de se replier, c’est de ne plus avoir ce moteur de vie.
Si vous aviez un message essentiel que vous aimeriez que les lectrices retiennent de votre livre, ce serait lequel ?
S.D. : Dites-vous que tout est encore possible après 50 ans, que rien n’est jamais acquis ou révolu. Et vivez votre vie jusqu’au bout, quoi ! Ne considérez pas qu’en ayant franchi ce cap de la cinquantaine, vous avez tout vécu et que c’est déjà fini. Non ! Chaque âge de la vie a ses plaisirs. Dans ce moment où justement on n’a plus les enfants, on a plus de temps pour soi et parfois, pour les plus chanceux, plus de moyens, il faut en faire quelque chose de fructueux.
Propos recueillis par Valérie Loctin.
Retrouvez Sophie Davant sur Facebook (SophieDavantOfficiel), dans son magazine « S » et tous les après-midi du lundi au vendredi à 16h15 et 17h05 dans « Affaire conclue » sur France 2.