Que ce soit en matière de salaires, de carrières ou de droits à la retraite, les hommes et les femmes sont encore loin d’être traités à égalité. Les femmes sont souvent pénalisées par une carrière en pointillée liée à la naissance de leurs enfants. Un point s’impose.
41% DE MOINS QUE LES HOMMES
Les femmes qui partent à la retraite touchent une pension moyenne qui représente 58% de celle des hommes (hors réversion) selon la Drees. Malgré leur arrivée massive dans le monde du travail depuis les années 1970, les inégalités hommes/femmes, (écarts de salaires, temps partiel, choix familiaux…) perdurent, avec des conséquences directes sur la retraite. Aujourd’hui, la pension moyenne des retraitées femmes est de 930 € mensuels en droits propres contre 1600 € pour les hommes. Les femmes perçoivent donc en moyenne une pension inférieure de 41 % à celle des hommes. Résultat : 2 retraités pauvres sur 3 sont des femmes.
DE NETTES AMÉLIORATIONS
Lésées pendant de nombreuses années sur cette question où de vraies inégalités hommes-femmes subsistent, les femmes bénéficient, en France, de droits à retraite en constante amélioration sous l’effet de l’augmentation des taux d’activité féminins, mais aussi de l’attribution d’avantages qui leur sont propres et dont la montée en charge n’est pas complètement achevée. Un projet de loi instituant un système universel de retraite doit être examiné par le Parlement, mais il a été retardé en raison de la crise sanitaire. Les règles relatives à la retraite seront donc modifiées.
OBJECTIF : RÉDUIRE LES INÉGALITÉS
Le système de retraite accorde certains avantages aux femmes pour réduire les inégalités :
• Des trimestres de majorations sont accordés pour chaque enfant,
• Une majoration de 10% de la pension pour les mères de 3 enfants et plus.
Cependant, ce dernier avantage, s’il augmente les pensions des femmes, ne réduit pas les inégalités : les pères en bénéficient également, et comme leurs pensions sont en moyenne plus élevées, leur majoration est plus importante.
CE QUI A CHANGÉ EN DIX ANS
• Depuis le 1er janvier 2012
L’indemnité journalière perçue pendant le congé maternité est prise en compte, à hauteur de 125 % de leur montant, pour le calcul du salaire de référence à partir duquel est calculée la retraite (les 25 meilleures années). Cette mesure se traduit par une légère réévaluation de certaines retraites de mères.
• Depuis la réforme de 2014
• Tous les trimestres de maternité sont pris en compte, y compris pour le bénéfice de la retraite anticipée pour carrières longues.
• Baisse du revenu nécessaire pour valider un trimestre (qui est passé de 200 à 150 fois le Smic horaire), revalorisation du minimum contributif et des petites pensions des agricultrices.
• Les aidants de parents handicapés bénéficient plus facilement de l’assurance vieillesse gratuite ; or la majorité sont des femmes.
• Les assistants maternels (profession majoritairement féminine) peuvent désormais racheter à prix réduit leurs trimestres pour les périodes antérieures à 1991, où elles étaient peu couvertes par l’assurance vieillesse.
L’important écart entre les niveaux de pensions de retraite des hommes et des femmes se réduit à un rythme très lent. Cet écart était de 50 % en 2004 ; il est aujourd’hui de 41 %, il devrait être de 30 % pour les générations 1965-1969, qui partiront à la retraite aux alentours de 2025-2030. L’écart de durée de carrière tend à se réduire. 39 trimestres séparent en moyenne les hommes et les femmes de la génération 1932, contre 8 trimestres pour la génération 1950.
MÈRES : COMBIEN DE TRIMESTRES EN PLUS ?
Les femmes proches de la retraite qui ont eu leurs enfants avant 2010 ont des droits bien précis en matière de retraite. Pour les enfants nés ou adoptés avant 2010, une majoration de durée d’assurance de 8 trimestres est accordée à la mère, dans les conditions suivantes : 4 trimestres au titre de la maternité ou de l’adoption de l’enfant et 4 trimestres au titre de l’éducation de l’enfant pour la mère. Dans un cas particulier le père peut y prétendre, à raison d’un trimestre par année d’éducation (la mère bénéficie alors des trimestres restants), s’il a élevé seul son enfant pendant une ou plusieurs années au cours des 4 ans suivant l’adoption ou la naissance et qu’il en a fait la demande à sa Caisse de retraite avant juillet 2014. N.S.