La ménopause est une période naturelle dans la vie des femmes mais qui cause parfois des désagréments tant physiques que psychologiques. Pour retrouver un bel équilibre et passer ce cap tout en douceur, la naturopathie est une méthode naturelle qui s’adapte à chaque profil avec des réponses sur mesure. Rencontre avec Frédérique Laurent pour comprendre tous ses bienfaits.
Qu’est-ce qui vous a conduit à la naturopathie?
Frédérique Laurent : Je suis ingénieure agroalimentaire de formation, parce que j’ai voulu consacrer ma vie à la terre, aux êtres humains et à un facteur essentiel qui est l’alimentation. Suite au décès de mon premier compagnon d’une maladie soudaine, je me suis retrouvée seule et me suis interrogée sur ce qui était vraiment essentiel et important. Et la réponse a été d’apporter ma contribution à tous ceux qui ont besoin de retrouver leur équilibre. Devenue coach en entreprise sur cette thématique et sur celle du bien-être au travail, je me suis parallèlement formée à la naturopathie et j’ai installé mon cabinet à Annecy en 2013 où je reçois en consultation et en téléconsultation. J’ai par ailleurs publié plusieurs livres sur la naturopathie, afin d’aider à développer cette méthode naturelle qui permet à chacun de trouver ou de retrouver un bel équilibre, à partir de trois bases que sont l’alimentation, l’activité physique et la gestion des émotions.
Parlez-nous de la naturopathie et de ses grands principes. En quoi est-elle essentielle pour être et rester en bonne santé?
F.L. : D’une façon générale, on part du principe qu’on fait confiance au corps et qu’on va tout mettre en place et faire pour qu’il soit de nouveau en équilibre. La plupart des gens ne font attention à leur corps que lorsqu’il ne va pas bien. C’est quand il se dérègle, qu’on a des petits bobos, qu’on manque d’énergie, qu’on commence à se poser des questions et à consulter. Tout le principe de la naturopathie est de corriger tous ces déséquilibres en priorisant l’énergie et la force vitales pour remettre le corps en équilibre à travers l’alimentation, l’activité physique et le bien-être émotionnel. L’idée est de se réapproprier son corps et son mental de façon totalement naturelle, en étant à l’écoute de ses propres besoins à l’instant T. Car nos besoins ne sont pas les mêmes à la puberté ou à la ménopause par exemple, et chaque personne est unique, d’où l’importance d’adapter les solutions à chaque cas individuel, de façon personnalisée et sur mesure.
«Cette étape naturelle de la ménopause est l’occasion de prendre soin de soi, mais aussi un pas vers la sagesse.»
C’est d’autant plus important en ce moment, avec cette crise sanitaire qui impose de booster ses défenses immunitaires, mais aussi de lutter contre la surcharge mentale?
F.L. : Oui, d’ailleurs, en ce moment, je passe beaucoup de temps en consultation sur ces questions pour expliquer aux gens combien ils peuvent être acteurs de leur santé et que travailler à renforcer leur système immunitaire est leur première barrière aux virus. Les gens s’interrogent beaucoup et sont inquiets pour leur santé comme pour leur avenir, car cette période est fortement anxiogène. En agissant tant sur l’équilibre émotionnel, que physique et nutritionnel, la naturopathie est un moyen naturel particulièrement efficace pour renforcer ses défenses immunitaires et retrouver de la sérénité. Le côté positif de cette crise sanitaire est qu’elle conduit de très nombreuses personnes à se poser de vraies questions sur le sens de leur vie, leurs besoins et donc leur équilibre global.
Votre dernier livre co-écrit avec le nutritionniste Raphaël Gruman s’intéresse à la période de la préménopause et de la ménopause. Pourquoi la naturopathie est-elle particulièrement utile à cette étape de la vie des femmes ?
F.L. : Comme je vous l’expliquais, l’objectif de la naturopathie est de vous aider à retrouver un bel équilibre sur tous les plans, et ce, quel que soit le contexte. A la préménopause puis à la ménopause, c’est le contexte hormonal qui change et qui entraîne certains désagréments, différents d’une femme à l’autre. Certaines souffriront surtout de bouffées de chaleur et/ou de sueurs nocturnes, d’autres de sécheresse corporelle et vaginale, d’autres encore de déséquilibre émotionnel ou de prise de poids. Certaines les vivront tous en même temps, d’autres seront plus privilégiées. Quelle que soit votre situation, la naturopathie est là pour aider le corps et le mental à retrouver un nouvel équilibre, et l’accompagner pendant cette période de transition hormonale.
Vous expliquez qu’il existe des ménopauses différentes en fonction de son profil naturopathique. C’est-à-dire ?
F.L. : Notre constitution naturopathique, c’est notre capital inné, notre vitalité première. C’est elle qui fait notre silhouette, nos traits de caractère et qui annonce les fragilités et les forces de nos différents organes. Pour simplifier, il existe deux grands profils : le sanguino-pléthorique et le neuro-arthritique. Si vous êtes sanguino-pléthorique, avec prédominance du système cardiovasculaire, vos faiblesses sont dans votre cœur et vos artères. Votre foie devra être fort pour assurer la filtration de vos excès. Votre métabolisme se fatigue et vous prenez du poids avec l’âge. Si vous êtes neuro-arthritique, c’est votre système nerveux qui vous tient. Vous avez tendance à vous surmener sur le plan mental, ce qui met votre organisme en acidose. Du coup, vous avez tendance à la déminéralisation et à la fragilité ostéo-articulaire. Vous devrez donc préserver votre fonction digestive et l’équilibre de votre système hormonal et veiller à ne pas perdre trop de poids. Quel que soit votre profil, le déséquilibre hormonal en période de préménopause et de ménopause va avoir une incidence sur votre équilibre global, d’où l’intérêt de la naturopathie pour vous accompagner et vous aider à faire ce passage du mieux possible.
Votre livre est aussi un excellent outil pour apprendre aux femmes à mieux se connaître, à mieux comprendre et écouter les signaux de leur corps ?
F.L. : Vous avez raison, d’ailleurs dans mon cabinet en consultation, je passe beaucoup de temps en termes d’éducation à la prévention santé, pour aider des femmes, mais aussi des hommes, de tout âge, à mieux comprendre et appréhender leur corps. En période de ménopause, je passe énormément de temps à expliquer aux femmes que cette période de la vie est normale, naturelle, que c’est à la fois un passage et une continuité très positive. C’est une catastrophe de voir toutes ces femmes angoissées à la ménopause parce qu’elles pensent que leur vie s’arrête, alors que c’est tout le contraire ! Grâce à cette compréhension de leur corps que leur apporte la naturopathie, elles vont pouvoir retrouver leur équilibre et leur énergie vitale et s’ouvrir de nouveau à tous les plaisirs de la vie, au lieu de se replier sur elles-mêmes.
Quel est votre positionnement sur le Traitement Hormonal Substitutif ? Doit-on le bannir systématiquement ou pas ?
F.L. : Je ne suis pas du modèle sectaire, donc ce n’est pas oui et ce n’est pas non. Chaque femme est différente et va donc vivre sa ménopause différemment. Il faut donc faire la part des choses et s’adapter à chaque cas. La naturopathie misant sur les méthodes naturelles, je ne prône pas le THS qui ne doit intervenir selon moi qu’en dernière intention et dans certains cas seulement. Avant cela, la première chose est de savoir qu’il existe des traitements substitutifs naturels sans effets secondaires comme le Yam par exemple. Je suis en cela les travaux du docteur John R. Lee, un expert mondialement reconnu pour son approche naturelle de l’équilibre hormonal féminin et notamment sur la progestérone naturelle. Ensuite, on peut régler de nombreux désagréments de la ménopause en agissant sur l’hygiène alimentaire, en travaillant sur la partie émotionnelle et en rééquilibrant le corps par de l’activité physique et des compléments alimentaires à base de plantes qui agissent comme des régulateurs hormonaux. En période de ménopause, c’est tout le système endocrinien qui se modifie et qui est touché, donc la thyroïde peut également être impactée, ce qui peut aussi être à l’origine de bouffées de chaleur et/ou de prise de poids.
«Il tout à fait possible de ne pas prendre de poids à la ménopause comme de retrouver son poids de forme idéal.»
En phase de troubles de la ménopause, faut-il du temps pour retrouver un équilibre?
F.L. : Chaque cas est bien entendu différent, mais en règle générale, en quinze jours ou trois semaines environ, on a un déclenchement du processus et on inverse la tendance. C’est pour cela que la consultation personnalisée est essentielle. Car l’idée en naturopathie, c’est qu’on travaille sur les causes et non uniquement sur les symptômes. Le point de départ est donc de trouver la vraie cause de chaque dysfonctionnement, qu’elle soit endocrinienne ou digestive par exemple.
Vous affirmez que la ménopause sans prise de poids est possible et proposez même dans votre livre un programme minceur en 30 jours. Quelles sont les grandes règles à suivre et à retenir ?
F.L. : Oui, c’est tout à fait possible de ne pas prendre de poids à la ménopause comme de retrouver son poids de forme idéal. Comme notre métabolisme va se modifier, il est important de suivre en effet de nouvelles règles nutritionnelles, comme par exemple de dissocier protéines et céréales, pour la simple raison que ce qui est mal digéré va se stocker. L’idée est de suivre son biorythme et de faire de temps en temps des petites pauses comme des micro ou monodiètes. En rééquilibrant son alimentation, c’est aussi l’occasion de prendre soin de soi, de mieux se connaître et de s’écouter vraiment. Car cette étape naturelle de la ménopause est aussi un pas vers la sagesse.
Quels sont les aliments prioritaires à privilégier après 50 ans ?
F.L. : Ce sont les petits poissons gras, sources d’oméga-3 et 6, pour maintenir la plasticité cérébrale et l’élasticité des tissus. Le quinoa est très complet en vitamines et minéraux, sans gluten, et il apporte 15% de protéines végétales. Les fruits rouges sont parfaits pour apporter des vitamines, des antioxydants et pour leur action anti-inflammatoire.
Et du côté des plantes ?
F.L. : Il faut porter une attention particulière à la déminéralisation du corps en période de ménopause, afin de prévenir notamment l’ostéoporose mais aussi l’arthrose. Pour cela, il y a la silice organique, la prêle. Sans oublier le chlorure de magnésium utile aussi face au stress et à la fatigue. Pour tout ce qui concerne le vieillissement cutané, il y a les huiles essentielles d’arbousier, de géranium, de pin sylvestre. Pour les problèmes circulatoires, le marron d’inde en teinture mère. En période de préménopause, le gattilier et la sauge. Mais il est important de retenir que les naturopathes ne sont par des ordonnanciers. D’où l’importance de consacrer du temps à chaque patient et de miser sur l’alimentation, l’activité physique et la gestion des émotions pour travailler à cet équilibre global.
Nos émotions sont soumises à rude épreuve pendant cette pandémie. Quels conseils pour se sentir plus sereine ?
F.L. : La première chose est d’accueillir toutes ces émotions qui parfois nous submergent et de ne surtout pas les refouler. D’où l’importance de prendre du temps pour soi. De nombreuses techniques douces permettent de diminuer l’intensité de ces émotions comme la respiration ventrale, la technique de cohérence cardiaque, mais aussi la sophrologie, la méditation, le neurofeedback… L’émotion est souvent le résultat d’un besoin qui n’est pas assouvi, et elle occasionne d’ailleurs à la ménopause des dérèglements du système nerveux, donc du stress et des bouffées de chaleur. Le fait de pouvoir en parler, de pouvoir le dire, de se respecter et d’écouter ses besoins, entraîne peu à peu un rééquilibrage émotionnel.
Un message essentiel pour conclure ?
F.L. : Je le résumerais en disant que tout est possible ! A partir du moment où on écoute son corps et ses émotions, on a toutes les clés. Il faut donc oser faire confiance à son corps pour trouver les bonnes portes et les vraies solutions. Ecoutez votre corps, il vous le rendra au centuple !
Propos recueillis par Valérie Loctin.