La médecine conventionnelle apporte-t-elle toujours les bonnes réponses thérapeutiques ? Malheureusement pas toujours, car tout dépend du médecin qui nous suit. Pour comprendre tout l’intérêt de la médecine fonctionnelle qui, elle, prend en charge le patient dans sa globalité, rencontre avec un médecin qui en a fait son combat de chaque jour au service de patients responsables.
Comment êtes-vous devenu l’un des médecins les plus réputés en médecine fonctionnelle ?
Dr Stéphane Résimont : C’est la pratique intense de sports depuis l’enfance : judo, sports de combat, course à pied dont marathons, vélo de route, raid en course à pied et vélo à travers divers pays et montagnes qui m’ont amené à m’intéresser à la réhydratation, la nutrition, la micro nutrition, l’équilibrage hormonal, c’est-à-dire à la médecine fonctionnelle et à la médecine anti-âge. Bref, ce qui était au départ pour moi une passion purement intellectuelle est devenue petit à petit une des parties les plus importantes de mon travail clinique de consultation. J’ai passé ma vie à me former et je continue toujours, car un bon médecin doit d’après moi le faire toute sa vie, pour la meilleure pratique possible et par respect pour ses patients.
C’est quoi la médecine fonctionnelle, une démarche holistique avant tout ?
S.R. : La médecine fonctionnelle vise à optimaliser l’alimentation, la micro alimentation (vitamines, oligoéléments, antioxydants, phytothérapie, etc.), ainsi que le statut hormonal, afin que le corps fonctionne au mieux et qu’on puisse ainsi éviter et guérir des maladies de la civilisation, des maladies chroniques, telles que dépression, burn-out, surpoids, fibromyalgie, mais aussi les complications liées au vieillissement (diabète, arthrose, cholestérol, Alzheimer, Parkinson…) et beaucoup de cancers induits par des carences hormonales et en nutriments divers. La médecine fonctionnelle, c’est prendre en charge un patient dans sa globalité, en ne cloisonnant pas arbitrairement.
« La médecine fonctionnelle consiste à prendre en charge un patient dans sa globalité, en ne cloisonnant pas arbitrairement. Elle va traiter les causes et non les symptômes.»
Pourquoi ce dernier livre ? Pour expliquer tout l’intérêt de la médecine fonctionnelle mais aussi responsabiliser les patients ?
S.R. : Ce livre, en fait, je l’ai co-écrit avec un collègue, Alain Andreu, qui n’est pas médecin mais technicien de laboratoire en biologie médicale et auteur du livre « Le régime anti-âge, inversez l’horloge biologique », un expert qui a des connaissances médicales plus vastes que beaucoup de médecins, pour faire part du fait que la médecine ne doit pas être seulement une médecine pousse-boutons, qui traite uniquement les symptômes. La médecine fonctionnelle et nutritionnelle, quant à elle, traite une dysfonction, et la prend en charge avant ou pendant la maladie. Surtout, elle va traiter ses causes et non les symptômes. Son approche est beaucoup plus intelligente car, en traitant les causes, on peut espérer prévenir voire guérir les maladies chroniques – là où la médecine officielle échoue souvent – et prévenir l’apparition de nombreux cancers.
La médecine classique cloisonne donc beaucoup trop les problèmes d’un patient ?
S.R. : C’est évident ! Par exemple, ce n’est pas parce qu’un patient déprime qu’il faut lui prescrire du Prozac au long cours ! Ce n’est pas parce qu’il fait des reflux qu’on règle tout avec un anti-acide ! C’est d’ailleurs pour cela que de nombreux patients sont déçus de leurs médecins, déçus des traitements prescrits et de leurs résultats. Beaucoup trop de patients aujourd’hui sont polymédiqués, avec une foultitude d’effets secondaires. Pour bien soigner un patient, cela demande du temps, des consultations et analyses détaillées, et on ne règle pas son problème de santé en lui accordant seulement 10 minutes et en lui prescrivant des médicaments, aussi efficaces soient-ils ! La médecine classique cloisonne beaucoup trop, ce qui la fait passer à côté de la ou des causes, alors qu’on sait aujourd’hui que l’on ne peut pas cloisonner le cerveau de l’intestin, la thyroïde de l’intestin, la peau et le foie de l’intestin et bien entendu les troubles du rythme cardiaque et l’hypertension des minéraux ! Il est donc essentiel avant toute chose de passer du temps avec son patient, de régler d’abord les problèmes nutritionnels de base, avant de passer aux problèmes hormonaux, puis aux diverses réponses et solutions de la médecine fonctionnelle.
Etre en bonne santé, cela implique un investissement personnel du patient mais aussi de trouver le bon médecin. Expliquez-nous.
S.R. : Dans ma pratique, quand j’ai le patient devant moi, je commence d’abord par le responsabiliser, et s’il n’est pas prêt à commencer un nouveau protocole qui démarre par une nouvelle hygiène de vie globale, je vais le rejeter, car je n’ai pas de temps à perdre avec des patients qui ne sont pas motivés et qui ne veulent rien faire pour aller mieux ! Je ne pourrais pas l’accepter s’il ne fait aucun effort nutritionnel, aucune activité physique, etc. Je lui explique que je ne peux pas le faire aller mieux ou bien, s’il mange mal, s’il a des carences et s’il ne bouge pas assez. Donc ça va lui coûter des efforts nutritionnels, physiques, mais aussi financiers pour acheter les compléments nutritionnels dont il a besoin. Car je ne propose pas des cures de quelques mois, mais une nouvelle hygiène de vie au long cours, pour le reste de son existence ! Si le patient n’y est pas prêt, s’il n’a pas ce courage, je ne peux pas l’aider. Désolé, je ne suis pas magicien ! Chez moi, une consultation me coûte 180 euros de l’heure parce que j’y passe du temps et qu’il y a toute une équipe derrière qui travaille avec moi. C’est vrai que cela s’adresse à une patientèle plutôt haut de gamme, des gens motivés de 45/70 ans, qui réfléchissent à leur santé et qui souhaitent vieillir du mieux possible, en décalant les signes de l’âge.
Et quand le patient est motivé ?
S.R. : Dans ce cas, on peut commencer à travailler ensemble sur sa santé. Ça commence par un questionnaire médical de 15 pages que je lui demande de remplir et qui me permet de connaître ses plaintes, son hygiène de vie, ses carences nutritionnelles et hormonales, etc. J’ai ainsi une vision globale qui me permet de cerner son profil. Cela me permet avant de le voir en consultation de lui conseiller des pistes pour régler tout un tas de problèmes avant même de le rencontrer pour la toute première fois. Je lui envoie donc un rapport très détaillé, avec des conseils, des compléments alimentaires, des recettes, que je lui demande de mettre en pratique plusieurs mois avant de venir en consultation. Je lui envoie aussi des témoignages de patients et des infos qui correspondent à ses plaintes et qui lui démontrent qu’en changeant son hygiène de vie, il va déjà pouvoir résoudre plusieurs de ses soucis. Résultat de cette méthode, le jour où je le reçois 1h30 ou 2h en consultation, il va déjà beaucoup mieux dans plus de 85% des cas. On peut alors ensuite ensemble aller plus au fond des choses et mettre en place des protocoles pour les problèmes particuliers qui n’ont pas déjà été réglés.
Votre co-auteur, Alain Andreu, écrit que ce qui l’a convaincu dans votre démarche, de son point de vue de patient, c’est aussi que vous vous appliquez à vous-même tout ce que vous préconisez aux autres.
S.R. : Je vais fêter mes 60 ans et c’est vrai que je suis en forme parce que je continue de pratiquer le sport à un bon niveau – au moment où nous parlons je rentre à l’instant de faire le mont Ventoux à vélo – et je m’alimente bien. Ce n’est pas parce qu’on a 60 ou 70 ans, qu’il faut rester sur une chaise longue au soleil à prendre l’apéro ! La vie, c’est pas ça ! Pour rester en bonne santé, il faut faire un peu de sport tous les jours, manger convenablement, prendre un bon petit déjeuner avec des protéines, bien dormir, etc.
En matière d’alimentation, vous écrivez qu’il y a 4 grands criminels qui sont le gluten, l’aspartame, le lait de vache et le sucre. Si on supprimait ces 4 ennemis, serions-nous tous en meilleure santé ?
S.R. : J’ai réduit aux quatre principaux ennemis, mais il y en a d’autres bien évidemment. Ce sont les quatre plus toxiques pour notre santé. Oui, dès qu’une personne supprime ces 4 grands criminels, c’est spectaculaire ! Mes patients les plus motivés qui appliquent cette règle avant la première consultation, vont déjà beaucoup mieux à 85% et sont pour la plupart déjà guéris de la plupart de leurs plaintes. En général, ils ont déjà perdu 10 à 15 kilos sans faire de régime, ils ont réglé ce que les médecins appellent la maladie du « côlon irritable » (c’est une stupidité cette expression, car c’est avant tout une mauvaise flore) et ils ne sont plus constipés. Et s’ils m’écoutent en variant les petits déjeuners avec des protéines animales et végétales le matin, ils me disent tous qu’ils ont retrouvé la pêche, un vrai bien-être, qu’ils travaillent plus vite et mieux avec une meilleure concentration, qu’ils sont moins stressés, qu’ils retrouvent la joie de vivre. C’est comme pour une voiture, chez l’homme avec la nutrition, on commence par mettre de l’essence dedans et ensuite on règle les problèmes de moteur après.
« Si vous avez un médecin qui vous dit quand vous avez pris du poids, que vous êtes tout le temps fatigué le matin, « c’est normal, c’est la vie ou c’est l’âge », changez de médecin ! »
Revenons sur l’importance du petit-déjeuner souvent méprisé ou oublié par de nombreux Français. Vous conseillez le matin un vrai repas protéiné en donnant des exemples du style « avocat, sardines, figues fraîches ». Pas simple cependant pour tout le monde ?
S.R. : Je dis avec humour qu’il y a plus de 12 000 aliments sur terre. Donc si on enlève le gluten, l’aspartame, les produits laitiers et le sucre, il reste 11 996 aliments possibles ! Ce ne sera donc pas « avocat-sardines » pour tout le monde. Il faut choisir en fonction de ses goûts bien entendu, en variant les protéines animales et les protéines végétales. Si vous préférez les œufs, le blanc de dinde, les légumineuses, les graines germées, d’autres végétaux, faites-le. Moi, si je mange des œufs tous les jours, je fais une dépression, car j’ai tout le temps besoin de changement ! (rires) Chacun peut trouver son bonheur, le possibilités sont tellement infinies ! Pour les sportifs comme moi, on peut aussi ajouter des sucres lents (pommes de terre, riz, quinoa, patates douces…) à chaque repas. Il faut équilibrer son alimentation par rapport à ses dépenses énergétiques de la journée et choisir surtout des aliments à Index Glycémique (IG) bas.
Stéphane Résimont, né en 1961 à Namur en Belgique, a toujours été un sportif de haut niveau. Docteur en médecine depuis 1985, avec une spécialisation en ORL/chirurgie cervico-faciale, il a étudié la stimulo-thérapie et l’acupuncture, s’est surspécialisé en chirurgie endoscopique naso-sinusienne et oto-microchirurgie et a suivi de multiples formations en chirurgie et médecine esthétiques. Il s’est également spécialisé en hormonologie depuis 1998 avec le Docteur Thierry Hertoghe et est également conférencier dans le domaine de la médecine fonctionnelle dans le monde entier. Sa renommée est telle que ses consultations auprès d’une patientèle internationale sont d’ailleurs complètes jusqu’à un an à l’avance en médecine fonctionnelle. Il est auteur de nombreux ouvrages dont « Pleine santé » aux Editions Résurgence.
Vous êtes devenu un spécialiste de la médecine anti-âge. Vous faites la corrélation entre une bonne santé, le bien-être et la longueur des télomères après 60 ans. Pourquoi en parle-t-on si peu en France, notamment du complément TA65® ? Parce que c’est un complément alimentaire très cher ?
S.R. : Oui, c’est atrocement cher. Il s’agit d’un complément alimentaire d’un laboratoire américain, T.A. Sciences, qui a un brevet sur l’extraction de l’astragale qui a des propriété anti-âge reconnues. Rappelons que les télomères sont les extrémités des brins d’ADN formant nos chromosomes. Selon plusieurs études sérieuses, la longueur des télomères est prédictive des problèmes de santé et de mortalité. Il est démontré que les patients de plus de 60 ans qui ont des télomères très courts ont trois fois plus de mortalité cardiovasculaire, huit fois plus de problèmes infectieux et un moindre taux de survie toutes causes confondues. Il existe sur le marché des activateurs de télomérase tels que l’épitalon et les dérivés de l’astragale (TA65®) qui sont encore bien trop chers mais qui offrent un nouvel outil de médecine anti-âge. Mais je rassure vos lecteurs, il y a bien d’autres façon de préserver ses télomères par la méditation et la cohérence cardiaque, l’arrêt du tabac et la réduction de l’alcool, le sommeil, les aliments à IG bas, la prise de vitamines et d’antioxydants et le sport à dose modérée, sans oublier les substances naturelles comme le Resvératrol. Le TA65®, quand on en a les moyens, c’est un peu la cerise sur la gâteau, quand on veut aller plus loin en matière de rajeunissement.
Autre thème, le stress, maladie du siècle. Vous dites pourtant qu’on pourrait le régler en traitant 4 problèmes. Expliquez-nous.
S.R. : Le problème, c’est que de trop nombreux patients sont sous Prozac, antidépresseurs et somnifères depuis plus de 20 ans, parce qu’il y a 20 ans, ils ont été confrontés à un souci souvent important dans leur vie personnelle ou professionnelle, donc s’en est suivie une dépression réactionnelle. S’il était normal de leur prescrire ces médicaments à ce moment-là, à un instant T, il est totalement injustifié de continuer à leur prescrire toute leur vie ! D’autre part, à notre époque, de trop nombreux médecins généralistes expliquent nombre de pathologies de leurs patients par le stress, alors que ce n’est pas le cas. Le stress a bon dos, croyez-moi ! De plus, je peux vous affirmer que la plupart des dépressions non réactionnelles pourraient être réglées en agissant sur les déficiences hormonales, les carences nutritionnelles (magnésium, vitamine D, omegas-3, etc.), le 2e cerveau malade (la flore intestinale) et le manque de protéines au petit-déjeuner (celles du matin). Souvent, ce qui complique le dialogue, c’est qu’un patient qui vient pour une déprime, ne comprend pas tout de suite pourquoi on doit d’abord lui soigner ses intestins malades. C’est pourquoi la médecine fonctionnelle, nutritionnelle et holistique a de si bons résultats, car elle s’occupe de guérir les causes, elle ne fait pas que soigner les symptômes ! D’ailleurs, je peux vous le dire, je ne peux plus faire une autre médecine. Car la médecine, ce n’est pas de laisser ses patients en dépression toute leur vie !
Vous parlez de compléments qui sont indispensables pour rester en bonne santé : Vitamine D, Magnésium, Zinc, Omégas-3 et Vitamine K. Quelques mots sur chacun.
S.R. : Je vais commencer avec la Vitamine D qui est essentielle en premier. Je ne vais pas m’étendre sur la crise sanitaire, mais je peux affirmer que si tout le monde avait pris les bonnes doses de Vitamine D par jour, on n’aurait pas connu une telle épidémie. Ce n’est pas moi qui le dit, ce sont plus de 50 études. Donc Vitamine D indispensable pour l’immunité, pour se défendre face aux virus, pour réduire de nombreux types de cancers, et de 10 à 20 fois le nombre de maladies auto-immunes. La 2e chose, c’est le magnésium. Nous sommes 90% à être carencés en raison du stress mais aussi de la transpiration pendant le sport. Le burn-out notamment est déclenché par une fuite urinaire du magnésium. En plus, il faut savoir que l’on ne risque jamais d’être en surdose de magnésium, donc il ne faut pas hésiter à en prendre plus en cas de stress ou d’activité sportive plus intense. Si on en prend un peu trop, ça peut juste donner des diarrhées. La vitamine B12 est également importante, surtout après 50 ans. Le Zinc est également essentiel pour le goût, l’odorat, la libido, la cicatrisation, la thyroïde. On peut se supplémenter, mais on en trouve aussi dans les huîtres, le foie. La Vitamine K agit quant à elle conjointement avec la Vitamine D, en permettant de calcifier les os, d’éviter les calculs rénaux, et a un effet préventif contre l’ostéoporose et le diabète notamment. Quant aux omégas-3, ils sont essentiels pour prévenir tous les effets du vieillissement, y compris cognitifs.
Quel message souhaitez-vous passer en priorité aux patients en général et à nos lecteurs en particulier ?
S.R. : Premièrement, ne croyez pas votre médecin quand il vous dit : « c’est le stress ! ». Quand un médecin ne sait pas, il vous dit que c’est le stress. Deuxièmement, si vous avez en face de vous un médecin qui pratique la médecine pousse-boutons, changez de médecin ! Troisièmement, si vous avez un médecin qui vous dit quand vous avez pris du poids, que vous êtes tout le temps fatigué le matin, « c’est normal, c’est la vie ou c’est l’âge », changez de médecin ! Le problème, c’est que la plupart des généralistes ne se forment plus après leurs études et pendant leur pratique. La médecine, c’est tellement vaste, qu’on n’a jamais fini d’apprendre. C’est pourquoi, personnellement, je n’ai jamais cessé de me former et je continue d’apprendre chaque jour. C’est en additionnant cette somme d’apprentissages et de connaissances dans tous les domaines de la médecine que l’on peut pratiquer une vraie médecine fonctionnelle, nutritionnelle et holistique au service des patients, et donc prévenir et guérir, pas seulement soigner !
Propos recueillis par Valérie Loctin.
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