Suffit-il de penser positivement pour que tout aille mieux, pour que le bonheur soit assuré ? Ce que les philosophes et les experts nous répètent depuis l’Antiquité, c’est que le bonheur ne se trouve pas, il se construit et s’entraîne. Petite leçon de rattrapage en quelques clés.
PLUS HEUREUX APRÈS 50 ANS !
L’idée que l’on se fait habituellement du bonheur ressemble davantage à une abstraction, miroir de nos idéaux, qu’à une réalité quotidienne réellement vécue. Pour ne plus ressembler seulement à une belle idée, le bonheur doit être éprouvé concrètement. Ce bonheur-là donne des ailes et pousse à aller de l’avant. Mais c’est en nous-mêmes que se cache ce bonheur et non dans des objets ou des principes qui nous sont extérieurs. D’où la chance d’avoir déjà vécu de nombreuses années ! Car c’est prouvé, on est beaucoup plus heureux après 50 ans.
PLUS ON VIEILLIT, MIEUX C’EST !
Une étude parue dans the Journal of Clinical Psychiatry a mis en avant le paradoxe de l’âge. C’est-à-dire le fait que plus on vieillit, plus on est heureux. « Les personnes les plus âgées sont plus heureuses, plus satisfaites, moins dépressives, moins anxieuses et moins stressées que les plus jeunes », explique Dilip Jeste, directeur du Centre du Bien-Vieillir et des seniors de l’UC San Diego et auteur de l’étude. D’après Laura Carstensen, directrice du centre Stanford, lorsqu’on est jeune, nos objectifs sont basés sur la réussite et l’épanouissement social, la volonté d’avoir toujours plus que ce qu’on a. Avec l’expérience, les adultes, eux, savent que la vie est faite d’incidents, alors ils relativisent : un petit accrochage n’est pas la fin du monde, un appel manqué de ruinera pas votre vie. Ils se rendent également compte que la vie est fragile, qu’ils ne sont pas invincibles.
VERS UN BIEN-ÊTRE PERSONNEL
Ainsi, avec l’âge, ces objectifs se tournent vers le bien-être personnel : faire des activités qui ont du sens et entretenir ses relations avec les autres. Des objectifs plus facilement réalisables, réduisant le risque de déceptions et d’émotions négatives. Avec l’âge, on acquiert également plus de sagesse, d’empathie, de compassion. On se connaît mieux, on prend des décisions qui nous correspondent davantage, on s’ouvre à de nouvelles idées et davantage aux autres.
VERS UNE RECETTE DU BONHEUR ?
S’il existait une recette au bonheur, nous serions certainement moins nombreux à le rechercher si éperdument tout au long de notre vie. Et comme en toute chose, depuis la nuit des temps, c’est la rareté qui crée la valeur ! La question se pose donc de savoir s’il existe une recette cachée du bonheur. Force est de constater que les gens heureux se distinguent davantage par leurs attitudes que par une accumulation de biens ou de plaisirs. En fait, ceux-ci mettent plutôt l’emphase sur l’être que sur l’avoir et le savoir. C’est du moins ce qui est démontré par Robert Blondin qui a mené une vaste enquête à travers le monde (Europe, Asie et Amérique), auprès de 2 000 personnes se disant heureuses. Mais être heureux sans attendre ou courir après quelque chose n’est cependant pas simple. Regardons ensemble les pistes de réflexion et les méthodes de développement personnel que nous livrent les experts qui ont fait de leurs recherches sur le bonheur le chemin d’une vie.
LES PISTES DES EXPERTS
1. La « positive attitude » au quotidien
Le bonheur au quotidien, c’est d’abord un état d’esprit capable d’orienter nos pensées et nos actions de manière positive. Modifier la manière dont nous réagissons aux événements, petits et grands, heureux et malheureux, de notre existence, c’est déjà pousser la porte du bonheur. Pour trouver le bonheur, il convient donc de commencer par un travail sur soi, par une compréhension de la manière dont nous nous comportons avec nous-même et les autres, dont nous sommes capables, ou non, de créer du dynamisme autour de nous.
• La première recette du bonheur est d’adopter une attitude résolument positive face à toute chose, y compris face aux événements douloureux que l’existence nous réserve.
• Rien n’est plus radicalement contraire à la quête du bonheur que l’enfermement dans le malheur, la souffrance ou la tristesse. Colère, jalousie, esprit de revanche entraînent des souffrances psychiques qui bloquent la possibilité de se projeter et de donner du sens à nos actions.
• Eviter le ressentiment, cesser de ressasser un échec ou une frustration, en finir avec les regrets. Au contraire, se placer toujours dans une dynamique de l’action pourvoyeuse de solutions, d’envies et de satisfaction. En orientant nos actions vers des démarches constructives, nous rendons notre esprit heureux.
• L’accès au bonheur passe donc obligatoirement par une meilleure gestion de nos émotions, de nos relations avec les autres, de nos frustrations qui gâchent parfois ce que l’instant peut contenir de plaisir et d’intensité.
2. La bienveillance envers soi-même
Marie-Hélène Simard, psychologue, a écrit de nombreux ouvrages de psychologie. En matière de bonheur, ses conseils sont tous riches de bon sens et de bienveillance. En voici cinq qu’elle nous propose de décliner, quels que soient nos chemins de vie.
• Être disponible au changement
Les gens heureux possèdent cette aptitude à tout remettre en question, autant eux-mêmes que la société. Les changements sont perçus comme des défis ou une occasion de croissance personnelle et non pas comme une menace au bonheur.
• Profiter du moment présent
Les gens heureux prennent le temps de vivre le moment présent sans être constamment envahis par des inquiétudes passées ou futures. Ceci ne les empêche pas pour autant de faire des projets ou de réfléchir à leurs problèmes.
• Bien se connaître
Il est question ici de définir son identité. Les gens heureux sont conscients de leurs forces et de leurs faiblesses. Ils sont cohérents avec ce qu’ils sont, ce qu’ils croient et ce qu’ils font. De plus, ils acceptent dans la mesure du possible que les autres n’adhèrent pas aux mêmes valeurs ou priorités de vie..
• Passer à l’action
C’est en prenant des risques que les chances d’être heureux ou heureuse augmentent. Selon Blondin : « c’est parmi les gens qui réussissent qu’on retrouve le plus haut taux d’échecs ! ». L’action permet une meilleure connaissance de soi et de son environnement.
• Être capable de s’abandonner
Pour contrer l’incertitude de la vie, la tentation est grande de vouloir tout contrôler, de prévoir l’imprévisible. Jusqu’à un certain point, les gens heureux choisissent plutôt de « lâcher prise » face aux événements incontrôlables. Ils préfèrent faire confiance à la vie et composer avec les imprévus. Un participant à l’enquête de Blondin précise dans son témoignage : « Je me suis rendu compte que les choses essentielles qui m’arrivaient dans la vie c’étaient celles que je n’avais pas planifiées ». Les relations amoureuses en sont un bon exemple. Les gens trouvent souvent l’amour au moment où ils cessent de le chercher.
3. La méthode des petits bonheurs
Chaque jour, nous vivons des dizaines de petits bonheurs qu’on ne voit ni ne réalise souvent même pas. Pourtant, le bonheur est avant tout une somme de petits bonheurs… C’est ainsi qu’on court après le bonheur sans même voir tous les petits bonheurs qui nous arrivent chaque jour. Résultat : On court encore et toujours après le bonheur et on se plaint qu’on n’est pas heureux !
Mais si vous regardez chaque jour chaque moment que vous vivez, vous réaliserez ces petits bonheurs… et plus vous les réaliserez, plus vous vous sentirez heureux. Simpliste, vous trouvez ? Essayez donc ! En fait, les petits bonheurs passent surtout par nos cinq sens, des sens qui nous ramènent automatiquement à notre cœur si on s’y arrête juste quelques secondes :
• La vue : le plaisir de voir quelque chose de beau, comme le sourire d’un inconnu, une œuvre d’art, un bon film à la TV ou au cinéma, un livre et le temps de le lire, un magnifique coucher du soleil ou une fleur qui s’ouvre…
• Le toucher : la douceur de la peau d’un bébé ou de notre conjoint, une bonne douche chaude et réconfortante ou un bon bain, le vent sur notre visage, des bisous et baisers, des massages, des caresses…
• Le goût : un bon repas, le goût d’un fruit mûr à point, un dessert qu’on aime, un bon vin, les baisers de l’autre…
• L’ouïe : le coup de fil d’une personne qu’on aime, une belle chanson ou musique qui passe à la radio, le chant des oiseaux, le bruit de la rivière, les rires d’un bébé…
• Les odeurs : celle du café ou du chocolat chaud, du gazon mouillé ou de la nature pendant une promenade en forêt, de la mer iodée et des embruns, de son partenaire aimé, de notre parfum préféré, de la tarte qui cuit au four…
Selon Dominique Jeanneret, psychothérapeute au Québec, il existe des dizaines d’autres petits bonheurs qui touchent notre cœur, tout simplement : « La voisine qui vous apporte un pot de confiture, une soirée entre amis, une promenade dans le calme, un moment seul où on n’a rien à faire d’autre que savourer ce moment, un «Merci !» ou même un petit compliment, un retour d’impôts qu’on n’attendait pas, une invitation, la réussite d’une activité difficile, une pensée d’Amour pour quelqu’un, une surprise… car les petits bonheurs sont souvent simplement surprenants, surtout quand on n’a pas l’habitude de les voir ! »
4. Le travail sur soi
Les spécialistes du développement personnel s’entendent à dire qu’il existe aujourd’hui des bases « clés » pour être heureux. On peut les résumer au travers d’un véritable « travail sur soi » :
• Retrouver l’estime de soi
L’estime de soi est très importante dans la vie de quelqu’un parce que cela lui permet d’avoir confiance en lui. La confiance en soi est une caractéristique importante qu’une personne doit posséder si elle veut réussir dans la vie. L’estime de soi déterminera le degré de persévérance qu’on aura pour faire quelque chose. L’estime de soi est aussi très importante dans notre relation avec les autres. Il a été prouvé que les personnes qui ont de l’estime solide ont de meilleures chances de réussir dans leur vie de couple. Il est plus facile à une personne qui a confiance en soi de faire confiance à l’autre et cela est très important dans toute relation. L’estime de soi va aussi déterminer les personnes avec qui on va avoir des relations. On a tendance à avoir des rapports avec des personnes qui ont de l’estime semblable à la nôtre. Retrouver l’estime de soi est donc un pas certain vers le bonheur.
• Cultiver de bonnes relations avec les autres
Cultiver de bonnes relations avec son entourage, c’est la plénitude auprès des autres : voilà une étape qui mène au bonheur ! Être heureux ensemble, c’est franchement plus sympa que d’être centré sur soi. Mais pour y arriver, cela demande du temps, une vraie capacité d’écoute et de partage.
• Faire la paix avec son passé
Bien souvent, rester prisonnier de son passé est la preuve que certaines choses n’ont pas été réglées, qu’un fort traumatisme n’a pas été « digéré » à temps. Il nous tire vers l’arrière et nous empêche d’avancer. Si le travail de deuil est toujours difficile à faire, c’est aussi parce qu’il renvoie à la notion de « finitude », de révolu et, par extension, à l’idée de notre propre mort. Mais aussi parce que, dans le cas de la disparition d’un proche, par exemple, on pense que « faire le deuil » reviendrait à « oublier », ce que l’on se refuse à faire. Inconsciemment, on s’efforce donc de faire survivre cet autre en restant tourné vers lui, dans le passé. Faire la paix avec son passé, ce n’est pas l’oublier ou le faire disparaître, c’est le comprendre et l’accepter, pour enfin pourvoir aller de l’avant.
• Comprendre pour changer
L’idée est de rompre avec nos comportements répétitifs, notre syndrome de victimisation. Selon Guy Corneau : « Quelque chose en moi cherche à s’exprimer, quitte à détruire le personnage que j’ai construit et qui m’étouffe. Ce qui étouffe la victime, c’est un fonctionnement dicté par la peur : la peur de se tromper, de décevoir, du ridicule, de manquer, de ne pas être aimée. La victime est le jouet d’un ensemble de besoins – être approuvée, posséder, ne pas déplaire… – dont le seul but est de la protéger de la répétition d’expériences négatives. Or, le bonheur ne se réduit pas à l’absence de souffrance. Il résulte de l’accomplissement de nos élans créateurs. Rompre avec un fonctionnement de victime suppose d’opérer un retour sur soi pour considérer avec bienveillance les blessures du passé, d’essayer de comprendre comment elles nous ont conduits à endosser un rôle qui ne nous correspond pas, pour tenter de renouer avec notre individualité profonde. »
5. Vivre dans la joie
Parce qu’il suffit souvent de gestes les plus simples pour chasser la grisaille du quotidien, parce que faire de chaque jour une journée tissée de petits plaisirs est à la portée de chacun, parce que point n’est besoin de grandes décisions ni de bouleversements fracassants pour trouver le chemin du bonheur, Claude de Milleville vous propose dans son ouvrage « Les 10 commandements du bonheur et de la bonne santé » (Editions Solar) des idées pétries de bon sens et faciles à réaliser. Il s’agit d’apprendre à mobiliser votre énergie et votre force de créativité pour être heureux… tout simplement.
• Faire la paix avec soi-même
« L’essentiel, c’est la considération bienveillante que nous nous accorderons aux premières secondes du matin, raconte Claude de Milleville, car trop souvent, le regard que nous jetons sur nous-même nous condamne ». Au lieu de nous focaliser sur nos défauts, nos manques et nos faiblesses, admirons aussi nos qualités et nos richesses. Idéal pour doper sa confiance en soi, et progresser vraiment !
• Semer le bonheur autour de soi
Egoïsme et bonheur font rarement bon ménage. Mettez votre énergie au profit des autres : votre famille, vos amis, mais aussi ceux qui, moins bien lotis, ont besoin de soutien : votre vieille voisine, les enfants malades, les sans-abri…
• Reconnaître sa chance
Vous avez un mari, des enfants, des parents et amis, un travail, un logement, vous êtes en bonne santé… Sincèrement, que voulez-vous de plus ? Admettez que vous faites partie du clan des veinards, et cessez vos crises d’insatisfaction. Rendez grâce, acceptez votre chance, et provoquez-la sans douter d’elle. Vous avancerez à pas de géant.
• Etre à l’écoute des autres
L’empathie, faculté de comprendre et connaître les autres en s’identifiant à eux, est une qualité maîtresse qui facilitera vos relations et votre regard sur la vie. Essayez de vous mettre à la place de vos proches, et de personnes éloignées que vous trouvez pénibles : votre patron est énervé (son fils a de gros soucis de santé), votre mari n’est pas à prendre avec des pincettes (son travail l’angoisse), votre grand adolescent est désagréable (sa petite amie l’a quitté), etc. Si vous aviez leur vie et étiez à leur place, seriez-vous toujours aimable ?
• Avoir le sens de la fête
« Ne nous enfermons pas dans le rythme monotone des journées, cultivons nos amitiés, partons à la rencontre des autres, établissons des liens nouveaux », recommande Claude de Milleville. Vous êtes crevé ? Sachez faire simple (pas de grand dîner avec tralala), mais ne ratez pas un bon moment. « Se priver de présences, sous prétexte de se préserver et de dormir, ne peut en aucun cas nous apporter de bénéfice. La vie nous demande d’avancer, et non de nous économiser et d’être avare de nous-mêmes ! », ajoute-t-il.
• Trouver un sens à sa vie
Qui suis-je ? Pourquoi suis-je en vie ? Si vous avez déjà des réponses à ces questions existentielles, vous êtes sur le chemin de la réalisation de vous-même. Sinon, que diriez-vous de réfléchir un peu à vous, à vos valeurs personnelles (le travail, l’amour, la famille, l’ordre, la liberté…), pour préparer vos objectifs et vous employer à les réaliser au moins déjà pour cette nouvelle année ?
• Préserver sa liberté
Pour se sentir bien avec les autres, il faut ne pas se laisser enfermer par leurs désirs, mais savoir leur dire non, exprimer ses sentiments, ses envies et ses besoins. Sinon, la frustration s’accumule et nuit à l’épanouissement. Ne craignez pas leurs jugements, choisissez seule, librement, ce que vous voulez faire et ne pas faire, et refusez de vous laisser manipuler!
Ainsi, en pratiquant des exercices de pensée positive, en apprenant à profiter de l’instant présent et de tous les petits bonheurs du quotidien, nous pouvons tous voir la vie sous un autre angle, un autre jour. Peut-être est-ce cela en fait le début du bonheur. Il n’y a pas d’âge pour commencer à s’y mettre ! V.L.