La France compte près de 16 millions de retraités aujourd’hui et il y en a 700000 de plus chaque année. Pour ne pas être pris de court au moment clé du départ, il faut s’y préparer suffisamment longtemps à l’avance et utiliser tous les leviers pour bénéficier d’un montant plus élevé de pension le Jour J.
UN SYSTÈME OBLIGATOIRE & CONTRIBUTIF
Notre système de retraite français est actuellement obligatoire, par répartition et contributif. Dès lors que vous travaillez, vous et votre employeur, cotisez pour la retraite. Cette cotisation est définie à la mesure du salaire que vous percevez. Le montant total des cotisations que vous versez chaque année sert à payer les pensions des retraités pour cette même année. Le système organise ainsi un transfert direct des générations en activité vers les générations à la retraite. Lorsque vous arrivez à la retraite, votre pension (c’est-à-dire votre « revenu » à la retraite) est calculé en fonction de vos revenus, de votre âge de départ à la retraite et du nombre d’années passées à travailler.
42 RÉGIMES DIFFERENTS AUJOURD’HUI
En France, la retraite est gérée par des organismes souvent selon des statuts professionnels (salarié du privé, indépendant, fonctionnaire…). Au total il en existe 42, appelés régimes de retraite, avec des règles de calcul des cotisations et des pensions souvent bien différentes. La plupart des actifs cotisent à la fois à un régime de base (jusqu’au plafond de la sécurité sociale, soit 3 311 euros par mois) et à un régime complémentaire ou additionnel, sur tout ou une partie de leurs revenus. Certaines professions ne relèvent que d’un seul régime qui regroupe la base et la complémentaire. Tout au long de votre vie professionnelle, notamment si vous changez de métier, de statut, vous pouvez être affilié successivement à différentes caisses de retraite.
Vous pouvez dès maintenant simuler vos droits à la retraite en créant un compte sur : https://www.info-retraite.fr !
UN MODE DE CALCUL BIEN PARTICULIER
Le calcul de votre pension de retraite dépend aujourd’hui de trois facteurs.
• Premièrement, les régimes dont vous avez dépendu, c’est-à-dire les caisses de retraite auxquelles vous avez été affilié. La plupart des régimes de bases fonctionnent en annuités : votre pension est calculée en fonction de la durée pendant laquelle vous avez cotisé (exprimée en trimestres). Les régimes complémentaires fonctionnent en points. Au moment de la retraite, l’ensemble des points est converti en pension mensuelle. Quand vous arrivez à la retraite, quand vous « liquidez vos droits », vous recevez une pension de chacune des caisses à laquelle vous avez été affilié.
• Deuxièmement, la durée d’assurance, c’est-à-dire la durée totale de votre activité professionnelle. Pour obtenir la meilleure pension possible dans l’ensemble de vos régimes de retraites, vous devez avoir cotisé pendant une durée minimale : 167 trimestres pour la génération née en 1957, 172 trimestres, à partir de la génération née en 1973. Si vous souhaitez prendre votre retraite et qu’il vous manque des trimestres par rapport à cette durée de référence, votre pension de base est réduite de deux manières : elle est calculée au prorata de votre durée d’assurance. Elle peut être en outre réduite d’un certain pourcentage, que l’on appelle « décote » si vous êtes âgé de moins de 67 ans.
• Troisièmement, le montant des rémunérations perçues au cours de la carrière. Le montant de vos pensions de retraite est lié au niveau de vos revenus d’activité ; mais le mode de calcul varie selon les régimes. Pour les salariés, les artisans et les commerçants, la retraite de base est calculée à partir de la moyenne des 25 meilleures années de revenu. Dans les autres régimes, le mode de calcul est différent. Ainsi, pour les fonctionnaires, la pension est calculée sur le dernier traitement (salaire sans les primes).
Pour être sûr de ne perdre aucun de vos droits, passez en revue et étudiez à la loupe vos « relevés de situation », qui sont désormais envoyés tous les cinq ans. Armé de vos bulletins de salaire si vous êtes salarié, ou de l’état de vos cotisations si vous êtes non salarié, vérifiez que tous vos versements ont bien été pris en compte. Les erreurs sont loin d’être exceptionnelles. Preuves et justificatifs à l’appui, vous pourrez demander des correctifs.
BIEN SUIVRE SON DOSSIER DE RETRAITE
Dès que vous commencez à travailler, les régimes de retraite auxquels vous êtes affiliés ouvrent un compte à votre nom dans lequel figurent les périodes et les revenus ayant donné lieu à cotisations et/ou les périodes ouvrant des droits à la retraite (chômage ou maternité par exemple). Vous pouvez accéder à tout moment à ces informations en créant un compte retraite.
• À partir de 35 ans
Vous recevrez tous les 5 ans, un relevé de situation individuelle (ou relevé de carrière), qui récapitule l’ensemble des droits accumulés dans les différents régimes. Il permet de vérifier les informations qui vous concernent. Si vous constatez des manques ou des erreurs, il vous suffit de contacter les régimes de retraite auxquels vous êtes affiliés.
• À partir de 45 ans
Vous pouvez obtenir un entretien d’information gratuit auprès de vos caisses de retraite, afin de faire le point sur vos droits et obtenir des simulations du montant de votre retraite. Vous pouvez également faire une simulation en ligne via votre compte retraite.
• À partir de 55 ans
Vous recevez avec votre relevé de carrière une estimation de votre retraite selon différents âges de départ à la retraite : l’estimation retraite (ou estimation indicative globale).
Si vous êtes salarié, votre entreprise peut vous offrir un certain nombre d’opportunités d’épargne. Renseignez-vous sur les nouveaux PER d’entreprise (le PER Obligatoire et le PER Collectif), nouveaux produits créés par la loi Pacte.
COMBATTRE LES IDÉES REÇUES
• « Il y aura bientôt plus de retraités que de cotisants » : FAUX !
Il y a aujourd’hui 16 millions de retraités pour près de 28 millions d’actifs en France. Le ratio démographique (rapport entre le nombre d’actifs et le nombre de retraités) est donc au global de 1,7 à l’heure actuelle. Ce chiffre est toutefois variable si l’on regarde régimes par régimes, compte tenu de la dynamique de certaines activités professionnelles (le ratio démographique est par exemple aujourd’hui plus faible chez les exploitants agricoles). En revanche, ce ratio a effectivement diminué compte tenu de l’arrivée à la retraite des générations issues du baby-boom. Les projections du Conseil d’orientation des retraites (COR) montrent que ce ratio va continuer à diminuer dans les prochaines décennies, avec le vieillissement de la population (1,5 en 2040, 1,3 en 2070).
• « De toute façon, je n’aurai pas de retraite » : FAUX !
Dès lors que vous travaillez, vous et votre employeur, cotisez pour la retraite. Vos cotisations permettent de payer les retraites d’aujourd’hui. Lorsque vous serez à la retraite, ce seront les cotisations des actifs de demain, qui paieront pour votre pension. Tout ce que vous avez cotisé depuis le début de votre carrière, ne sera jamais perdu : ces cotisations sont autant de droits futurs, qui sont d’ores été déjà comptabilisés sous la forme de trimestres dans le régime de base, et de points dans la retraite complémentaire.
• « Avec toutes les réformes des retraites successives, les pensions ne font que baisser » : FAUX !
Le niveau de vie moyen des retraités n’a jamais été aussi élevé en France qu’actuellement. La pension moyenne brute, est estimée à 1 432 euros pour l’ensemble des retraités et à 1 504 euros pour les seules personnes résidant en France. Cette différence est due au fait que les personnes résidant à l’étranger ont en moyenne accumulé moins de droits à la retraite dans les régimes français, car une partie de leur carrière professionnelle a pu se dérouler à l’étranger. Depuis 2010, la pension brute a augmenté d’environ 5%, en plus de l’inflation. Le niveau de vie d’un retraité est en moyenne supérieur de 7% à celui du reste de la population. Le taux de pauvreté des retraités est de 7%, bien moindre que celui du reste de la population (14%) ou des jeunes (20%). Toutefois, ces chiffres ne signifient pas que tous les retraités sont dans une situation satisfaisante. Il existe une précarité et un isolement chez les personnes âgées, accentués par les enjeux de perte d’autonomie.
• « Le système des retraites aujourd’hui n’assure plus la solidarité entre les générations » : FAUX !
Le système des retraites est basé sur une solidarité intergénérationnelle, selon laquelle les actifs d’aujourd’hui financent les pensions des retraités d’aujourd’hui. Toutefois, avec l’allongement des durées d’étude et les difficultés d’insertion dans le marché du travail, les nouveaux actifs auront des carrières différentes. Le défi pour notre système de retraite est de tenir compte de ces évolutions de la société et de l’emploi et de garantir que la solidarité joue aussi en faveur des générations futures.
• « Une retraite obligatoire, cela ne sert à rien » : FAUX !
En France, le système de retraite est obligatoire. Les cotisations pour la retraite sont obligatoirement dues et en contrepartie tous les actifs sont couverts par une assurance vieillesse. Nul ne peut s’y soustraire. C’est un des fondements du système par répartition : il est nécessaire que tous y contribuent pour assurer l’équilibre du système. Le caractère obligatoire est également au cœur de la solidarité de notre modèle social, afin que chacun, quel que soit son parcours de vie, puisse vivre dignement au moment de sa retraite.
DES PISTES POUR BOOSTER SA PENSION DE RETRAITE
• PISTE N°1 : Travailler plus longtemps
Le nombre de trimestres cotisés influence beaucoup le montant des pensions. Si vous n’avez pas validé tous vos trimestres et avez entre 62 et 67 ans, en repoussant votre date de départ à la retraite, vous continuerez à valider des trimestres et augmenterez ainsi votre future pension de retraite. Si vous n’avez pas tous vos trimestres et avez 67 ans ou plus, vous bénéficierez d’une retraite à taux plein. Cela ne veut pas pour autant dire que vous toucherez une « retraite pleine ». En effet, le niveau de votre pension sera diminué du fait des trimestres manquants (coefficient de proratisation). En augmentant le nombre de trimestres travaillés, vous pourrez réduire l’effet du coefficient de proratisation et ainsi augmenter le montant de votre pension. Sous avez validé tous vos trimestres, vous pouvez partir à la retraite et bénéficier d’une pension à taux plein. Mais si vous le souhaitez, vous pouvez aussi continuer à travailler. En contrepartie, vous bénéficierez d’une surcote augmentant votre pension de retraite.
• PISTE N°2 : Constituer une épargne en complément
Il existe en France de nombreuses solutions pour épargner en vue de la retraite. Ces dispositifs, qu’ils soient souscrits à titre individuel ou collectif (PERP, Madelin, PERCO, PER Entreprises, nouveaux PER…), impliquent souvent des conditions comme le blocage de l’épargne constituée jusqu’à la retraite. Mais en contrepartie, vous pouvez bénéficier d’avantages fiscaux sur les versements que vous effectués sur ces dispositifs. La loi Pacte a voulu simplifier ces dispositifs en créant de nouveaux produits d’épargne disponibles depuis le 1er octobre 2019 : les PER. Le PER Individuel a vocation à remplacer les Perp, Madelin et Préfon. Le PER Obligatoire a vocation à remplacer le PER Entreprises (Article 83) et le PER Collectif a vocation à remplacer le Perco.
Si vous le souhaitez, vous pouvez aussi épargner à titre individuel. Le Plan épargne retraite populaire (Perp), accessible à tous, consiste à épargner pendant sa vie active pour bénéficier d’une rente à partir de l’âge prévu de liquidation des droits à la retraite. Au 1er octobre 2020, le Perp et le contrat Madelin ne seront plus commercialisés, pour laisser la seule place au PER Individuel, autre nouveauté de la loi Pacte.
Les autres possibilités d’épargne
Même si elles ne sont pas consacrées spécifiquement à la retraite, vous pouvez également souscrire une assurance vie qui vous permet d’épargner progressivement et à votre rythme ou un PEA qui permet de se constituer une rente viagère exonérée d’impôt, ou devenir propriétaire pour ne plus avoir de loyers à payer, voire d’obtenir des ressources supplémentaires si vous louez vos biens immobiliers. Tous les experts sont unanimes sur le fait que l’important est de diversifier ses placements.
• PISTE N°3 : Continuer de travailler à la retraite
Si vous êtes déjà retraité, vous pouvez continuer voire reprendre une activité professionnelle tout en étant à la retraite. Vous compléterez alors vos revenus après avoir liquidé votre pension de retraite en la cumulant avec un nouvel emploi. La plupart des régimes de retraite ont mis en place ce dispositif de cumul emploi-retraite, avec des conditions variées. J.B.
Sources & plus d’infos sur service-public.fr et impots.gouv.fr